Après la construction de la pyramide de Snéfrou, son fils Khéops (ou
Khoufou) édifia à Gizeh pour sa tombe la célèbre Grande Pyramide,
considérée par les Grecs comme l’une des sept merveilles du monde. Cette
pyramide, qui mesurait à la base 440 coudées de côté, soit environ
230 mètres, couvrait à elle seule plus de 5 hectares. Sa hauteur, encore
actuellement de 138 mètres, devait être à l’origine à peu près de
146,60 m. Cette hauteur ne put être atteinte par aucun autre édifice
durant une période de quatre mille ans, et ce n’est que vers la fin du
Moyen Âge que les flèches de certaines cathédrales la dépassèrent de
peu. Le volume de cette pyramide (2 600 000 m3) nécessita un nombre
fabuleux de pierres, près de six millions de tonnes, qu’il fallut
extraire des carrières, transporter à pied d’œuvre, équarrir, hisser sur
la pyramide et assembler par assises, avant de pouvoir procéder au
ravalement parfait de l’énorme superficie des quatre faces.
Au point de vue qualitatif, l’œuvre n’est pas moins remarquable ;
l’appareillage des faces de parement, tant à l’intérieur des chambres et
des couloirs qu’à l’extérieur de l’édifice, composé de blocs pesant
souvent de deux à trois tonnes, reliés par des joints n’excédant pas un
demi-millimètre, constitue un véritable tour de force technique.
La disposition des galeries et des trois salles principales de la
pyramide, qui semble étrange à première vue, doit s’expliquer par des
modifications apportées au plan initial au cours même de la
construction, comme on le constate dans plusieurs autres pyramides de
cette période. Trois plans auraient été adoptés successivement , l’une
des salles principales ayant correspondu dans chacun d’eux au lieu
réservé à la sépulture du roi. Quant à la « grande galerie », avec sa
voûte en encorbellement parallèle à sa pente, prévue dès le second plan
pour entreposer les tampons de granit destinés à bloquer le couloir
ascendant, elle n’aurait plus été, dans le plan définitif, où la salle
sépulcrale fut transférée au-delà de son aboutissement supérieur, que le
lieu de passage obligatoire pour accéder à celle-ci.
Cependant, pour toutes ces raisons, la Grande Pyramide n’a cessé
d’intriguer profondément les visiteurs qui donnèrent souvent libre cours
à leur imagination pour tenter d’expliquer la raison d’un pareil effort.
Dès le IVe siècle de notre ère, Julius Honorius et Rufin se faisaient
les échos d’une légende, qui trouvera plus tard place dans la décoration
d’une coupole de Saint-Marc de Venise et se perpétuera jusqu’au XVIe siècle,
selon laquelle les Grandes Pyramides auraient été les greniers à blé
édifiés par Joseph en prévision des sept années de disette ; elles
seront ainsi fréquemment appelées au Moyen Âge « greniers de Joseph » ou
« greniers pharaon ». Plusieurs auteurs arabes, d’autre part,
attribuèrent à un songe annonçant des cataclysmes et un déluge, songe
qu’aurait fait Khéops (appelé par eux Sourid), la cause de la
construction des deux grandes pyramides de Guizeh ; celles-ci devaient
non seulement abriter les corps des rois et leurs trésors, mais encore
préserver toutes les connaissances et la science de l’époque, qui y
auraient été enregistrées. Cette idée fut reprise dès le début du XIXe siècle
par E. F. Jomard, qui estima dans la Description de l’Égypte que la
Grande Pyramide n’aurait pas été simplement un tombeau de roi, mais
surtout un monument de la science égyptienne, où celle-ci aurait
« déposé, peut-être même voulu cacher des résultats importants que la
méditation découvre aujourd’hui » ; et se fondant sur une évaluation
erronée qu’il fit de la valeur de la coudée royale, il assura que la
Pyramide était un monument métrique destiné à conserver l’unité des
mesures nationales, fraction elle-même de l’unité d’arc géodésique.
C’est à la suite des mesures effectuées à la Grande Pyramide par le
professeur Piazzi Smyth, astronome royal d’Écosse, et des commentaires
qu’il publia en 1864 et 1867, que les théories fantaisistes plus ou
moins extravagantes se multiplièrent. Ce dernier, qui avait tenté de
fonder sur des données scientifiques les dates et correspondances
prophétiques qu’un théoricien bibliste, John Taylor, prétendait trouver
indiquées par les particularités et les mesures des chambres et couloirs
de la Pyramide, fit en effet école. Parallèlement à ces théories
biblico-mathématiques et divinatoires, d’autres, à caractère ésotérique
ou théosophique, tendirent à démontrer que cette pyramide aurait été
destinée à des initiations. Divers auteurs, enfin, ont voulu y voir,
comme Jomard, un monument métrique et géodésique, voire astronomique,
certains allant même jusqu’à l’interpréter comme étant un observatoire.
De ce fatras de théories accumulées par cette pseudo-science, qui se
pare du nom de « pyramidologie », il n’y a rien à retenir sinon
l’orientation extraordinairement précise des pyramides de la IVe dynastie
et certaines qualités numériques ou géométriques intéressantes qui y ont
été relevées. Il faut, d’autre part, rappeler, à l’encontre de ces
théories, que non seulement la pyramide de Khéops contient encore son
sarcophage de granit sensiblement en place, mais surtout qu’elle fit
très clairement partie, comme les autres, d’un complexe monumental dont
l’enceinte, le temple de culte (où des fragments de bas-reliefs au nom
du roi ont été recueillis) et la chaussée présentent des traces ou des
vestiges indiscutables. En outre, deux grandes barques, probablement
destinées aux voyages du roi défunt dans l’au-delà, ont été retrouvées
encore enfouies dans leurs caveaux au sud de la pyramide, tandis que, à
l’est, de vastes cavités en avaient manifestement contenu trois autres.
Enfin, immédiatement au sud-est de l’emplacement du temple, trois
petites pyramides s’alignent parallèlement à la grande, chacune
possédant sa chapelle de culte adossée à sa face orientale. La plus
méridionale fut celle de la reine Henoutsen, la mère de Khéphren, les
deux autres ayant été, sans doute, celles des mères respectives du fils
aîné Kawab, mort peu avant son père et de Djedef-rê (ou Didoufri) qui
prit le pouvoir avant Khéphren. La présence, en ce point, de ces
pyramides des reines au pied de celle de Khéops est une preuve de plus
qu’elle fut son tombeau.
Sur le plateau de Gizeh, à
quelques kilomètres du Caire, s'élève la plus grande et la plus parfaite
des 110 pyramides construites par les Egyptiens au cours des 3000 ans de
la civilisation pharaonique . Appelée " La Lumière " par les Egyptiens
lorsqu'elle était encore revêtue de son revêtement de fin calcaire
blanc, elle atteignait alors 147 m de hauteur pour un poids évalué à 5
millions de tonnes. Edifiée à l'aube de cette civilisation, vers 2530
avant Jésus-Christ, la pyramide de Kheops était comptée par les Anciens
au nombre des Sept merveilles du Monde et elle est aujourd'hui la seule
de ces merveilles à avoir résisté au temps et à être parvenue jusqu'à
nous.
Vers 30 apr.J.C., Le géographe Strabon écrit dans sa 'Géographie'
: La Grande pyramide "possède à quelque hauteur sur une de ses
faces une pierre qui peut être retirée et qui, une fois soulevée, donne
accès à une galerie en pente jusqu'aux fondations". Cette galerie
existe effectivement. Elle fut longtemps masquée; très étroite, son
entrée se trouve à 15 m environ au-dessus du sol et c'est l'entrée
originelle de la pyramide.
En 820 apr. J.C., une entrée plus large et plus près du sol est percée
par le calife Ma'moun :
"Lorsque le calife Al-Ma'moun vint en Egypte, il donna l'ordre
d'ouvrir la Grande Pyramide ; après des peines inouïes et une fatigue
considérable, on arriva dans l'intérieur de la pyramide que l'on trouva
tout semé de puits et de rampes ardues ; le passage était périlleux ;
enfin, au bout, se trouvait une chambre cubique d'environ 8 coudées de
côté. Au milieu de la chambre était une cuve de marbre fermée d'un
couvercle qui fut enlevé ; et l'on ne trouva dans la cuve qu'un cadavre
corrompu par suite de la longueur des siècles. Al' Ma'moun prescrivit
alors de ne plus ouvrir d'autre pyramide, la dépense faite pour
l'ouverture de cette brèche ayant été, à ce que l'on assure,
extraordinairement considérable."
1765 : Un voyageur anglais nommé Davison découvre une petite chambre
au-dessus de la chambre du Roi, en creusant un rameau à partir du
plafond de la grande galerie. Il s'agit de l'une des chambres de
décharge.
1835 : Un colonel anglais, Vyse, utilisant de la poudre à canon, dégage
un passage vers le haut, à partir du rameau de Davison, et découvre les
4 autres chambres de décharge. Enfin, Vyse débouche les 2 conduits
'd'aération' partant de la chambre du Roi et se poursuivant jusqu'à
l'extérieur, rétablissant ainsi la circulation d'air.
En 1872, W. Dixon découvre dans la chambre de la Reine le point de
départ de 2 conduits internes à la pyramide, dont une première
exploration ne sera faite qu'à partir de 1993 par R. Gantenbrink.
L'entrée normale de la pyramide s'ouvre à environ 15 m de hauteur sur
la partie nord de la pyramide mais une autre entrée a été creusée près
du sol par le calife Al-Ma'moun au 9° siècle, persuadé d'y trouver un
trésor. Celle-ci contourne les gros bouchons de granit situé à
l'extrémité inférieure du corridor ascendant menant à la grande galerie
puis débouche dans ce corridor.
Oeuvre d'art extraordinaire, c'est la dernière grande voûte en
encorbellement jamais construite. Il s'agit d'une galerie assez étroite
à la base (2,09m) mais très haute (8,53m) et s'étirant sur 46 m. La
difficulté de réalisation de l'ouvrage vient de la pente très prononcée
(50%).
Actuellement, on ignore encore la raison pour laquelle la grande
galerie a été réalisée (raison esthétique, religieuse, utilitaire,...?).
Entièrement construite en granit rose d'Assouan poli, elle mesure
10,30 m x 5,15 m x 5m80 (hauteur). Tout comme dans la grande galerie,
les blocs sont si bien ajustés que l'on distingue à peine les joints
entre deux pierres.
Le sarcophage en granit qui a sans doute contenu la momie du pharaon
est encore en place.
Vers 35 m d'altitude, le toit de la chambre de la Reine est constitué
de nombreuses poutres (on ne connaît pas leur nombre exact) pesant
environ 20 tonnes.
De 55 à 70 m d'altitude, les chambres de décharge destinées à
protéger la chambre du Roi d'un éventuel effondrement sont constitués de
poutres pesant en moyenne 56 t (dont 63 t pour la plus lourde).
Le pyramidion qui était placé au sommet de la pyramide à 146 m de
hauteur pesait sans doute une dizaine de tonnes (on ne connaît pas son
poids exact car il n'a pas été retrouvé).
Pendant tout le Moyen-Âge, il exista une légende selon laquelle les
grandes pyramides auraient été les greniers à blé édifiés par le pharaon
à la suite des prévisions de Joseph concernant les 7 années de disette
qui allait s'abattre sur l'Egypte (en effet, Joseph, le fils de Jacob
dans l' Ancien testament, avait la faculté d'interpréter les rêves, ce
qui lui permit de comprendre le songe dans lequel Pharaon avait vu 7
vaches grasses puis 7 vaches maigres sortir du Nil : Il fallait
comprendre que l'Egypte allait tour à tour connaître 7 années de
fertilité suivies de 7 années d'une terrible stérilité); Les pyramides
seront ainsi fréquemment appelées au Moyen-Âge 'greniers de Joseph' ou
'greniers du pharaon'.
Les géographes et les écrivains arabes du Moyen-Âge s'intéressent
aussi aux pyramides; Dans leurs récits, souvent fantaisistes, il est
question d'amulettes et de talismans, de trésors cachés et de statues en
pierres précieuses. Ainsi en est-il d'Ibrahim Ibn Wasif Shah, qui vit au
XII° siècle: "dans la pyramide occidentale (i.e. de Khephren)
furent aménagés 30 magasins en granit regorgeant de toutes sortes de
richesses..." alors que l'historien Al-Massoudi mêle étroitement
imaginaire et réalité, rappelant que le calife Al-Ma'moun, vers 820 apr.
J.C., fait ouvrir une grande brèche dans la pyramide de Kheops et y
trouve un modeste trésor dont la valeur correspond exactement à la somme
investie pour le récupérer.
Plusieurs auteurs arabes attribuèrent à un songe annonçant des
cataclysmes et un déluge, songe qu'aurait fait Kheops, la cause de la
construction des 2 grandes pyramides ; Celles-ci devaient non seulement
abriter les corps des rois et leurs trésors, mais encore préserver
toutes les connaissances et la science de l'époque, qui y aurait été
enregistrées.
Le plus célèbre des pyramidologues fut sans conteste l'astronome
Piazzi Smyth. Professeur à Edimbourg dès l'âge de 26 ans, il voit dans
la construction de Kheops la main de Dieu qui, inspirant les Egyptiens,
leur a ordonné de construire la pyramide en pouces, le pouce étant une
unité de mesure bien supérieure au centimètre ( 1 pouce=2,54 cm). Durant
l'hiver 1864-1865, en Egypte, il mesure en pouces le tour de la base de
la pyramide, divise le résultat par 365,242, nombre de jours de l'année,
et puis par 100 : Il obtient le chiffre 1, preuve selon lui de
l'intervention divine. En 1855, au cours d'une réunion parlementaire
britannique, pourtant très favorable à l'adoption du système métrique,
il combattra cette proposition et aura gain de cause : La pyramide de
Kheops n'est donc pas étrangère au retard apporté par les anglais à
l'adoption du système métrique! Mais, dans l'emportement de son
argumentation, Piazzi Smyth s'était trompé en mesurant le contour de
base de la pyramide, ainsi que le constata par la suite un de ses
compatriotes. Pris par sa passion, le grand astronome modifiait
inconsciemment le résultat des mesures qui ne cadraient pas exactement
avec ses désirs et se livrait alors à des déductions sans fin porteuse
de messages. Et il eut bien des émules...
Georges Barbarin le cède à peine à Piazzi Smyth; les dimensions de la
pyramide lui permettent de donner non seulement les dates de la
naissance et de la mort du Christ, mais aussi les éléments d'un
calendrier prophétique qui nous prépare, dit-il, à " la seconde venue du
Christ".
L'imagination n'a pas de limite avec Maurice Chatelain, en 1975, dans
Nos ancêtres venus du Cosmos. Selon lui, le tombeau souterrain de
Kheops sous la pyramide (dont parle Hérodote) "contiendrait, sans doute
d'origine céleste, un générateur de froid et un émetteur de radiations
qui seraient alimentées en énergie par une pile atomique ou tout
simplement par les variations de pression causés par les crues annuelles
du Nil que l'on croyait dues à l'appel de Sirius".
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